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Bidache, le 30 mai 2018
Communiqué de presse
RAPPEL
Rappelons que le 7 juin 2017, un arrêté préfectoral était pris imposant au couvoir d'abattre une partie de ses canes (race Pékin) et lui interdisant toute vente de canetons de toute race. L'arrêté laissait un délai avant l'abattage de tous les canards de race ancienne (Kriaxera et Rouen-landais) pour permettre la naissance de canetons destinés à renouveler le cheptel. L'administration basait son action sur le fait que les canards étaient séropositifs à la grippe aviaire (présence d'anticorps due au passage du virus) bien qu'ils n'étaient pourtant pas malades, le virus n'étant pas identifié sur l'élevage (canards négatifs en virologie).
L'abattage du cheptel du couvoir entraînait automatiquement l'arrêt de son activité et mais aussi l'impossibilité pour des dizaines d'éleveurs, la plupart en production fermière de qualité et en vente directe, de se fournir en canards pour leur saison.
D'où l'action portée par ELB, avec une large mobilisation de la société civile, pour sortir des canetons du couvoir hors du cadre légal, afin que ni le couvoir ni les éleveurs fermiers ne perdent une année d'activité. L'adoption de canetons par le grand public était aussi une action de solidarité pour protester contre la politique sanitaire absurde mise en place pour gérer la grippe aviaire. En effet, depuis le début nous martelons que les canards de Bidache n'étaient pas malades. Au contraire, le passage du virus, auquel ils ont résisté, les a immunisés et rendu plus résistants.
REPRESAILLES
Bien que depuis le début de cette action citoyenne, ELB n'a eu de cesse de jouer la transparence avec l'administration sanitaire (avertie de la sortie de canetons et de l'identité des fermes qui les ont abrités, destinataire des analyses réalisées à notre demande pour confirmer leur statut sanitaire indemne, non empêchée de réaliser des prélèvements au couvoir de Bidache de juin 2017 à mars 2018, etc), celle-ci s'est acharnée dans une soif de représailles aveugle. Le couvoir en a été la cible mais aussi les élevages qui s'en sont solidarisés contre l'administration.
Ainsi :
- Le 20 juin 2017, les gendarmes débarquaient au couvoir tôt le matin, dans un déploiement disproportionné, pour venir récupérer des documents, pour la plupart déjà fournis par les Lataillade à l'administration.
- Le même jour, Marc Lataillade, responsable juridique de l'exploitation était entendu par la gendarmerie de Bayonne durant plus de 3 heures.
- Depuis le 7 juin, tous les quinze jours, la DDPP* a procédé ou fait procéder à des analyses au couvoir, systématiquement vironégatives, mais générant stress des animaux, perte de temps pour les éleveurs, coût économique.
- Dès l'arrêté préfectoral publié, tous les éleveurs clients du couvoir de la Bidache ont reçu un appel d'un agent de la DDPP les menaçant de poursuites et de fortes amendes en cas d'approvisionnement chez Lataillade. Plusieurs peuvent témoigner du fait que l'agent a affirmé que l'élevage était malade, porteur du
virus, information diffamatoire inacceptable.
- Le 14 juin, contrôle de la DDPP sur l'élevage.
- Le 15 juin, le préfet des PA saisit le procureur des « infractions constatées » à Bidache (oeufs pas détruits, canes pas abattues)
- Le 16 juin, dans un courrier adressé au couvoir, le directeur de la DDPP réclame, sans aucun mandat pour cela, les documents comptables du couvoir des trois dernières années.
- le 18 juin, les quatre fermes qui ont reçu des canetons sortis collectivement du couvoir sont placées sous surveillance administrative.
- le 25 juillet, un agent de la DDPP et un agent de la Directe, débarquent sans prévenir dans les locaux du comptable du couvoir et réclament trois années de comptabilité, liasses fiscales, factures, sans aucun mandat écrit.
- Août : Patrick Dagorret qui s'est approvisionné au couvoir est entendu durant trois heures à la gendarmerie.
- 16 septembre, nouvelle inspection de la DDP au couvoir.
- 25 septembre, refus de la DDPP de délivrer un laisser passer pour permettre la sortie des canes de réforme vers l'abattoir qui les prend habituellement en Charentes. Injonction d'abattre les canes à l'abattoir de Came.
- 11 octobre, abattage des canes à Came, après refus de la DDPP d'abattre à la date initialement fixée.
L'abattoir de Came, non spécialisé dans le traitement des canards de reproduction (canards non gras), écarte 244 animaux sur les 950 abattus. Perte économique pour le couvoir.
- depuis juin, nombreux courriers, mails et appels de la part de la DDPP.
- 18 octobre, convocation des trois éleveurs du couvoir pour des auditions individuelles de plusieurs heures.
- 27 mars 2018, convocation de Panpi Sainte-Marie, secrétaire général d'ELB et de Jean-Michel Berho, responsable de la commission palmipèdes, à la gendarmerie de Bayonne.
DOSSIER POLITIQUE
L'action de harcèlement moral et l'étranglement financier générés par l'administration a prouvé que ce dossier n'avait plus rien de sanitaire mais était éminemment politique. La discussion s'est donc engagée entre ELB et l'administration fin 2017 pour trouver une issue elle aussi politique. Ce début de négociation a été facilitée par l'intervention de la députée Florence Lasserre-David auprès du ministère de l'agriculture et par son accompagnement dans les semaines suivantes comme comme celle de Jean-Jacques Lasserre.
ELB a proposé un protocole de sortie de crise basé sur la réforme des canes adultes, objets du différent sanitaire entre nous et la DDPP puis le nettoyage et la désinfection complète de l'élevage. Nous avons réclamé en contrepartie l'instruction normale du dossier d'indemnisation grippe aviaire de l'année précédente que l'administration bloquait volontairement du fait de la situation au couvoir ainsi que la levée de la surveillance administrative des quatre fermes ayant reçu des canetons.
Si les engagements pris par ELB et le couvoir ont tous été tenus, l'administration manque pour l'heure sa parole : alors que les discussions ont eu lieu en décembre, à ce jour elle n'a toujours pas réglé les points qui retardent l'instruction des dossiers d'indemnisation.
D'UN POINT DE VUE SANITAIRE
Comme pour les élevages de Gabat, Domezain et Barcus, sommés d'abattre leurs poules et canards et défendus par ELB, nous avons aussi soutenu le couvoir de Bidache pour contrer une logique sanitaire que nous jugeons absurde. Les canards du couvoir n'étaient pas malades, les analyses virologiques régulièrement négatives depuis le début de l'affaire jusqu'au départ des canes en janvier dernier, l'ont démontré.
Face à des logiques industrielles et exportatrices, les politiques sanitaires poussent le principe de précaution à l'extrême. Les décisions d'abattage de millions de volailles, deux années de suite, en engloutissant des budgets pharamineux en argent public, sont des non sens paysans. Elles n'empêchent pas la maladie
de revenir mais participent à la restructuration certaine de la filière en laissant sur le bord de la route de très nombreux petits élevages qui ne peuvent se relever économiquement, d'autant qu'on leur impose de surcroît un renforcement de normes (très coûteuses) complètement déconnectées de leur réalité et de leur
taille.
Clairement, ces décisions politiques mettent en péril l'élevage fermier, plein air et autarcique.
C'est pourquoi, nous nous réjouissons du fait que notre lutte a permis de sauver en partie l'activité du couvoir de Bidache et surtout celle des nombreux élevages fermiers qui en dépendent pour leur approvisionnement.
LE SOUTIEN DES CITOYENS
Comme dans les luttes pour le non abattage des animaux à Gabat, Barcus et Domezain, les citoyens ont pleinement adhéré à la bataille pour défendre le couvoir de Bidache, préserver ses races anciennes et dénoncer les logiques agricoles et sanitaires qui vont vers toujours plus d'industrialisation.
Des dizaines de personnes ont ainsi participé aux rassemblements de soutien et à l'action d'adoption de canetons.
L'InterAmap Pays Basque, qui entretient des liens étroits avec le monde paysan, se réjouit du redémarrage de la nouvelle saison du couvoir :
« Les membres des Amap du Pays Basque réaffirment leur soutien aux décisions de bon sens qui ont permis de maintenir l'activité du couvoir et aussi d'entretenir une réflexion constante sur les conséquences de décisions administratives destructrices d'activités et de diversités agricoles.
Le droit à choisir son alimentation ne doit pas faire les frais d'une application de normes inadaptées à l'agriculture paysanne et de surcroît coûteuses pour toute la collectivité. »
TEMOIGNAGE DES LATAILLADE et DES ELEVEURS CLIENTS
* DDPP : direction départementale de la protection des populations
Communiqué ELB
Confédération paysanne du Pays Basque