Communiqué de presse du syndicat ELB - Juin 2019

elb-couvoir.PNG"Nous appelons les paysans, les citoyens-consommateurs et les élus à se mobiliser massivement le 18 juin prochain devant le tribunal de Bayonne à partir de 13h45 pour accompagner l'entrée des prévenus au tribunal."

NOUVEAU PROCÈS CANARDS: L'ACHARNEMENT DE L’ÉTAT

Le 18 juin prochain, des éleveurs de canards et ELB seront à nouveau trainés devant les tribunaux pour s'être mobilisés contre les mesures disproportionnées prises à l'encontre des éleveurs de canards dans le cadre de la lutte contre la grippe aviaire au printemps 2017.
En effet, c'est plus de deux ans après les faits que le parquet provoque un nouveau procès, nouvelle illustration de la volonté de punir des paysans qui ont osé se rebeller.
Jean-Michel Berho, éleveur de canards gras à Domezain, et Marc, Florence et Alain Lataillade du Couvoir de la Bidouze à Bidache seront à la barre ainsi que Panpi Sainte-Marie, secrétaire général du syndicat ELB. Il leur est reproché à tous l'entrave à l'exercice des agents de la DDPP (Direction départementale de la Protection des Populations), notamment pour empêcher l'abattage des canards de ces deux élevages.

Rappel des faits
Les faits concernant Domezain et Bidache remontent à avril et juin 2017, alors que l'épidémie de grippe aviaire touche à sa fin. A Domezain, l'élevage était sous le coup d'un arrêté préfectoral d'abattage des canards, animaux pourtant sains (analyses à l'appui), et la mobilisation de plus d'une centaine de personnes avait contraint la DDPP à renoncer à l'abattage. L'élevage avait été mis sous surveillance préfectorale avec obligation d'analyses durant trois mois (ce qu'ELB réclamait depuis le début de l'affaire). Les analyses ont été négatives jusqu'au bout, confortant la position d'ELB. Jean-Michel Berho, producteur fermier, élevait des canards qu'il transformait et vendait en direct.
A Bidache, le Couvoir de la Bidouze est un élevage de reproducteurs, c'est-à-dire qui fait naître des canetons, achetés à un jour par les producteurs fermiers (comme Jean-Michel Berho) qui les élèvent ensuite. Courant mai 2017, des analyses menées au couvoir ont mis en évidence que certains animaux étaient séropositifs au virus H5N8 (grippe aviaire). Cette sérologie positive témoignait de la présence d'anticorps à la grippe aviaire dans le sang des animaux, ce qui signifiait que la maladie était passée par l'élevage mais les animaux n'étaient plus malades (la virologie étant négative), ils avaient résisté à la maladie.
Ici aussi le préfet avait ordonné l'abattage immédiat d'une partie du cheptel et l'abattage, une fois une série d'oeufs extrait de l'élevage, des canards restants, ceux appartenant aux souches locales Kriaxera et Rouen landais, que seul le couvoir de Bidache produit. Cette solution, techniquement très compliquée à mettre en œuvre, conduisait à ce que tous les clients-éleveurs du couvoir travaillant avec ces races anciennes n'aient pas d'activité pendant un an. Une situation qui mettait en péril toute la filière fermière dépendante de cet approvisionnement.

Un procès en novembre dernier à Pau
Un procès a déjà eu lieu en novembre dernier à Pau, dirigé contre Cathy Chabalgoity, éleveuse de canards à Barcus, et contre ELB. En effet, une mobilisation avait été organisée au printemps 2017 devant la ferme Ühartia de Barcus également pour refuser l'abattage des canards sains de l'exploitation. La DDPP n'avait pu mener l'action à bien, près de 300 personnes, dont de nombreux élus, s'étant postées devant la ferme pour défendre l'élevage. La justice avait relaxé l'éleveuse et condamné ELB à 5000€ d'amende et 2000€ de dommages et intérêts.

Une nouvelle tentative pour punir ceux qui ne se soumettent pas
Malgré la relaxe de l'éleveuse de Barcus lors du procès palois, le parquet de Bayonne a choisi de poursuivre dans la voie de l'entêtement largement ouverte par le directeur de la DDPP. Quel est le sens de cette action ? Ne faut-il pas y voir une nouvelle fois une action purement politique ?
Préalablement à ses actions, ELB avait pris soin de faire analyser les canards destinés à être abattus. Ils étaient tous négatifs. Pour Bidache, nous avions pris contact avec plusieurs vétérinaires et chercheurs qui estimaient être un non sens d'abattre des canards séropositifs car justement le passage de la maladie les y avait rendus résistants, ils estimaient qu'il fallait plutôt cultiver cette résistance.
Ce ne sont donc pas des impératifs de risque ou des considérations sanitaires qui ont motivé les actions entreprises par la DDPP contre ELB et contre les éleveurs qui ont été soutenus par le syndicat. C'est bien le fait d'avoir été refoulé des fermes par des centaines de paysans, citoyens-consommateurs et élus que les responsables de l'administration sanitaires n'ont pas supporté et qu'ils cherchent à faire punir. Le ministère public les couvre et les suit en ce sens. Qu'importe que les mesures de lutte contre la grippe aviaire soient inadaptées, disproportionnées voire inefficaces s'agissant de certains modes d'élevage, l'important est que tout le monde entre dans le rang.

La nécessité de défendre l'élevage paysan, le plein air, la production fermière
L'objectif des actions menées au printemps 2017 était de défendre les éleveurs et l'élevage paysan (en prenant nos responsabilités du point de vue sanitaire). En effet, les politiques sanitaires sont devenues la nouvelle arme de mise en péril des petites fermes et des filières fermières en circuits courts car elles ne font aucune distinction entre les modèles et imposent des normes inadaptées, disproportionnées voire inefficaces que ne peuvent appliquer ces fermes. Sous couvert de gestion sanitaire, on met clairement en danger ceux qui travaillent en ayant pour priorité la qualité, le lien au terroir, le respect des ressources naturelles, la transparence avec le consommateur.
Les actions d'ELB avaient pour objectif de faire évoluer certaines normes pour ne pas que les petits éleveurs fermiers disparaissent. Les mobilisations entreprises au printemps 2017 par ELB et les autres syndicats adhérents à la Confédération paysanne ont contribué à l'écriture et à la validation par le ministère d'une réglementation spécifique aux petites fermes de plein air. Ce guide de biosécurité a été publié l'été dernier. C'est une première. C'est le fruit de nos mobilisations.

L'appel pour le 18 juin...
Le procès du 18 juin sera l'occasion de dénoncer l'acharnement idiot de la DDPP à vouloir réprimer l'action syndicale, à vouloir nous punir et nous étrangler financièrement. Il sera l'occasion de remettre sur la place publique les arguments que nous avancions au printemps 2017, notamment que le risque sanitaire pouvait être maîtrisé sans abattage, que les mesures prises mettaient en danger l'élevage fermier de Kriaxera, et d'une façon générale que la répression syndicale s'abat systématiquement sur ceux qui s'opposent à l'industrialisation de l'agriculture. La seule décision de justice prise dans le cadre de l'épidémie de grippe aviaire est la condamnation à notre encontre de décembre dernier. Une nouvelle condamnation pourrait tomber avec ce procès alors qu'aucune procédure n'est engagée pour définir les responsables de la propagation du virus de la grippe aviaire en 2017 (transports, fonctionnement industriel de la filière palmipèdes, dérogations administratives, etc).
Nous appelons les paysans, les citoyens-consommateurs et les élus à se mobiliser massivement le 18 juin prochain devant le tribunal de Bayonne à partir de 13h45 pour accompagner l'entrée des prévenus au tribunal.
Un rassemblement et des prises de paroles auront lieu dehors.



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